
Le syndrome des jambes lourdes
En France, douze à dix-huit millions de personnes ont les jambes lourdes, qui font mal, ou encore des varices. Il est temps de réagir ! D’autant plus que des solutions efficaces existent.
Depuis des mois, Muriel a les chevilles gonflées et une sensation de lourdeur dans les jambes. Elle n’en a pas encore parlé à son médecin. Sur les conseils d’une amie, elle a surélevé les pieds de son lit d’une dizaine de centimètres. « C’est très efficace, ça me soulage rapidement », constate-t-elle. Pas de doute, il y a de l’insuffisance veineuse dans l’air ! Une affection extrêmement répandue : plus d’une femme sur deux s’en plaint. Elles sont deux fois plus nombreuses que les hommes. Pourquoi cette prédominance ? Phlébologue, le docteur Frédéric Vin explique qu’elle est liée aux flux des hormones : « Voilà pourquoi les premiers symptômes débutent souvent à l’adolescence. Sous l’influence des œstrogènes, les parois des veines deviennent perméables, ce qui entraîne la formation d’œdèmes. Produite après l’ovulation, la progestérone, quant à elle, va dilater les parois veineuses. »
À la fin du cycle hormonal, un déséquilibre se crée entre progestérone et œstrogène. Cette dernière est présente en grande quantité, mais il n’y a pas assez de progestérone pour compenser l’accroissement de pression sur les tissus. Les jambes sont alors souvent lourdes et douloureuses à cette période. Et cette situation s’aggrave pendant la grossesse.
Qu’est ce qui cause les jambes lourdes
Pour comprendre en quoi consiste l’insuffisance veineuse, il faut d’abord saisir la notion de retour veineux qui a lieu dans nos jambes : chaque fois que nous posons le pied par terre, la pression sur la voûte plantaire pousse le sang vers le haut du corps. Il doit parcourir environ 1,5 mètre pour arriver au cour. Les muscles des jambes, en se contractant également, appuient sur les parois des veines pour faciliter cette circulation.
L’intérieur de ces vaisseaux comporte, tous les 4 à 5 centimètres, de petits clapets, appelés valvules, qui, en se fermant, empêchent le sang de redescendre sous l’action de la pesanteur. Le sang peut remonter vers le cour grâce à ce système » d’écluses « .
Dans l’insuffisance veineuse (voir dessin p. 125), les parois des veines perdent leur élasticité, manquent de tonus et se distendent. Résultat : les valvules ne se joignent plus et ne peuvent donc plus remplir leur fonction. Le sang stagne, les jambes gonflent, deviennent lourdes, on peut y ressentir des fourmillements. C’est le premier stade de l’insuffisance veineuse. » L’origine de la maladie demeure inconnue, remarque le docteur Vin. On considère, à l’heure actuelle, qu’elle est due à une altération du collagène présent dans la paroi des veines et qui leur confère leur élasticité. Mais nous ignorons pourquoi le collagène se dégrade. » Les médecins connaissent, en revanche, les facteurs qui la favorisent avec, au premier rang, l’hérédité : l’insuffisance veineuse se transmet, au même titre que la couleur des cheveux ou des yeux. La station debout prolongée constitue un second facteur de risque : elle facilite la dilatation des veines. Coiffeuses, serveuses, vendeuses, infirmières sont donc concernées au premier chef.
Bien souvent, le médecin prescrit des médicaments qui soulagent rapidement les symptômes de l’insuffisance veineuse : les phlébotoniques. Ils sont actuellement au centre d’une controverse, les pouvoirs publics ayant annoncé leur intention de ne plus les rembourser à compter du mois de juin prochain en raison d’un » service médical rendu insuffisant « . Des études ont pourtant montré leur efficacité sur les symptômes de la maladie veineuse et les spécialistes estiment cette mesure préjudiciable aux malades. Quant aux économies potentielles pour l’assurance maladie, ils demandent à voir. À partir du moment où ces médicaments ne seront plus remboursés, les patients vont avoir tendance à consulter plus tardivement, à un stade où la maladie veineuse sera avancée et nécessitera des soins plus lourds et donc plus coûteux. Un peu comme pour un incendie : au bout de dix secondes, il faut un verre d’eau pour l’éteindre, un seau au bout d’une minute et des mètres cubes ensuite.
C’est exactement ce qui s’est passé en Italie, où ces médicaments ne sont plus remboursés depuis 1994. Les hospitalisations qui s’en suivent coûtent en fin de compte plus cher que les économies réalisées.

12 conseils pour mieux gérer les jambes lourdes :
Pour avoir des jambes légères, légères.
- Évitez la chaleur Elle dilate les vaisseaux sanguins. Donc, pédale douce sur les expositions au soleil et ne restez pas une heure dans votre bain très chaud.
- Surveillez votre poids Les kilos en excès favorisent la stagnation du sang dans les jambes.
- Vous adorez les vêtements serrés à la taille ? Ce n’est pas la meilleure idée : ils gênent le retour du sang vers le cour.
- Talons très hauts ou plats Déconseillés pour les veines. L’idéal : entre 2 et 5 centimètres.
- Installez votre lit Surélevez de 10 à 15 cm les pieds de votre lit, côté pieds.
- Pour le bien-être de vos veines
- Étendez-vous Plusieurs fois par jour, mettez-vous sur la pointe des pieds, étendez-vous et redescendez.
- Marchez Marchez vite en fléchissant les genoux et en sautillant. Si vous restez assise longtemps, levez-vous régulièrement pour marcher.
- Sautillez Plusieurs fois par jour, sautillez sur la pointe des pieds, une jambe après l’autre.
- Massez vos mollets Plusieurs fois par jour, massez vos mollets avec le pied opposé ou avec une main, en partant de la cheville et en remontant.
- Pédalez Placez-vous sur le dos et effectuez au moins dix mouvements de pédalage avec vos jambes. Terminez en vous massant les jambes de bas en haut.
- Respirez » actif » Allongez-vous, les mains sur le ventre. Inspirez le plus profondément possible, en gonflant le ventre. Puis retenez votre souffle quelques secondes avant d’expirer en appuyant sur votre ventre pour le creuser. Recommencez quatre à cinq fois. Si possible, recommencez cet exercice plusieurs fois par jour.
Attention ! A ne surtout pas faire .
- Rester assise les jambes croisées Les veines sont comprimées, au niveau du genou notamment, et le retour veineux ralenti. L’immobilité prolongée aggrave les choses.
- Croiser les jambes et se coincer les pieds derrière l’autre ! C’est pire : le sang est bloqué aux genoux et aux chevilles. La pression sanguine augmente, les veines laissent passer de l’eau dans les tissus qui les environnent.