
Que sait-on sur les fausses couches ?
La fausse couche c’est la face cachée, le côté noir de la grossesse. Le plus souvent, c’est un « incident de parcours », mais il peut arriver qu’elle se reproduise plusieurs fois. Nous avons voulu en savoir plus avec l’une des rares gynécologues responsables d’une consultation spécialisée en ce domaine, le docteur Véronique Lejeune*, à l’hôpital Saint-Antoine, à Paris.
1- Est-ce que la fausse couche est fréquente ?
Une fausse couche, c’est l’arrêt spontané de la grossesse avant la fin du sixième mois (au-delà, on parle d’accouchement prématuré). La majorité d’entre elles se produit très précocement, avant même que le retard des règles soit constaté. Elle passe le plus souvent inaperçue, les saignements se confondant alors avec les règles. Un cas assez fréquent puisque sur cent fécondations, la moitié seulement donnera un enfant. Si le nombre de fausses couches semble augmenter depuis quelques années, c’est tout simplement parce qu’on détecte les grossesses de plus en plus tôt, parfois même avant le premier jour supposé des règles. L’âge de la mère accroît aussi ce risque.
2-C’est dû à quoi ?
Dans plus de la moitié des cas, la grossesse s’interrompt car une erreur se produit au moment de la fécondation. Il s’agit souvent d’une anomalie des chromosomes. Notre organisme en comporte 23 paires situées dans le noyau de chacune de nos cellules. Ils portent les gènes responsables des caractères héréditaires. Chaque parent en transmet la moitié (un de chaque paire) à son enfant. Il suffit que le mélange des chromosomes maternels et paternels se fasse mal pour créer une anomalie incompatible avec la vie. Dans ces cas, aussi traumatisante que puisse être une fausse couche, elle est naturelle puisque le fotus ne serait pas viable. Par ailleurs, des facteurs extérieurs peuvent la causer : une forte fièvre provoquée par une banale grippe ou toute autre infection en provoquant des contractions utérines. Mais il peut aussi s’agir d’une malformation de l’utérus ou le placenta qui se décolle. Le sport est souvent évoqué, à tort.
Isabelle s’en est ainsi longtemps voulu. « J’ai fait du ski la semaine qui a précédé ma fausse couche. Je suis persuadée que tout vient de là. » Il n’y a pourtant pas de raison de culpabiliser. Le docteur Véronique Lejeune est très claire : « Il n’existe aucune corrélation entre l’activité physique et la fausse couche. Une étude réalisée aux états-Unis a même montré l’inverse : il y a moins de fausses couches chez les sportives actives. »
3- Certains signes doivent-ils attirer mon attention ?
Consultez un médecin dans les situations suivantes :
> Vous savez que vous êtes enceinte et vous avez des saignements.
Rassurez-vous , ils ne traduisent pas tous une fausse couche. Ils se produisent spontanément dans environ un quart des grossesses pendant le premier trimestre. Une sur trois évoluera tout à fait normalement.
> Vous ressentez des douleurs inhabituelles dans le bas du ventre.
> Vous aviez constaté les premiers signes annonçant la grossesse (nausées, vomissements, tension des seins…) et ils ont disparu.
4- Quels examens sont pratiqués pour explorer une fausse couche probable ?
Outre un examen clinique, il faut réaliser une échographie. Elle visualise le contenu de l’utérus, y discerne ou non la présence d’un embryon et en apprécie la vitalité : les battements de cour du fotus sont visibles dès la cinquième semaine. « Si aucun embryon n’est visible, nous dosons deux fois l’hormone de la grossesse (HCG) à 48 heures d’intervalle, dans le même laboratoire, pour comparer les résultats, précise Véronique Lejeune. Une baisse de son taux confirme le diagnostic de fausse couche. »
5 Que faire lorsqu’il s’agit vraiment d’une fausse couche ?
Si l’échographie de l’utérus ne montre rien de particulier, il faut tenter d’oublier l’incident et reprendre une vie normale. La question se pose différemment s’il reste dans l’utérus des traces de la grossesse. Il faut intervenir car il y a un risque d’hémorragie et d’infection. Selon les cas, le médecin proposera de les évacuer en les aspirant ou en prescrivant un médicament qui provoquera des contractions. Ces traitements nécessitent une hospitalisation de quelques heures car ils font courir un risque d’hémorragie dans le premier cas, le second étant plus douloureux.
6 J’ai fait une fausse couche. En ferai-je d’autres ?
Vous n’avez jamais eu de problèmes auparavant, c’est votre première fausse couche ? Il y a toutes les chances pour qu’il s’agisse d’un accident de parcours qui ne se reproduira pas. Mais si vous en avez déjà eu deux ou trois, mieux vaut consulter pour en déterminer la cause.
7 Dois-je attendre pour être de nouveau enceinte ?
Effectivement, on conseillait autrefois d’attendre trois mois, le temps que les cycles se régularisent. On sait aujourd’hui que cette précaution est inutile ! Aucune raison médicale n’interdit, a priori, d’envisager immédiatement une nouvelle grossesse.
